La santé intégrative, pour mieux accompagner les patients atteints de maladies chroniques

Alain toledanoNous, médecins de toutes spécialités, proposons une transformation majeure de notre système de santé. 

Notre lutte quotidienne contre les maladies chroniques fonde cette initiative. Le nombre de patients atteints par ces pathologies s’élève actuellement à 20 millions de personnes en France.

Or, nous aimerions mettre en lumière la caducité de notre fonctionnement national de prise en charge, ainsi que la possibilité réelle de le reconstruire.

En effet, la question se pose à nous de savoir quelle définition nous souhaitons donner à la notion de soin. 

Voulons-nous que le soin désigne seulement l’ensemble des pratiques destinées à lutter contre les maladies ? Ou bien croyons-nous, de façon plus large, qu’être soigné signifie, pour tous, dans tous les territoires, non seulement la possibilité de recevoir des traitements adaptés et nécessaires, mais également celle de prévenir les affections graves et de se maintenir dans un bon état de santé physique, psychique et sociale ?

Ensemble, nous invitons les professionnels de santé, les citoyens et les acteurs politiques à dépasser la vision étroite du soin pour concevoir le soin de façon globale. Bien loin de le limiter à la somme des réponses médicales adaptées aux pathologies, nous affirmons qu’il consiste également en une pluralité de moyens permettant à chacun de vivre en bonne santé.

Pour y arriver, nous appelons de nos vœux le passage d’une médecine prescriptive à une médecine intégrative. 

Ainsi, nous souhaitons que notre système de santé se fixe désormais comme objectif de prendre en charge des personnes et non simplement des pathologies, de prévenir durablement les maladies chroniques, d’accompagner les patients dans des parcours de santé complets et durables, sans devoir se contenter de leur fournir les traitements nécessaires pour lutter contre leurs affections.

Le projet que nous exposons génèrerait une économie considérable pour l’État, une amélioration très significative de la qualité de vie pour la population française, une diminution importante du nombre de personnes concernées par les maladies chroniques, une stabilisation professionnelle des sujets à risque ou affectés et, enfin, une réduction profonde des inégalités sociales en termes de santé, d’espérance de vie et de bien-être. 

L’incidence des Maladies Chroniques

Nous rappelons que les maladies chroniques demeurent la cause principale d’incapacité et de décès, puisque 71 % des 59 millions de décès annuels dans le monde leur sont imputés.

Les maladies chroniques désignent des affections très diverses comme les maladies cardio-neuro-vasculaires, qui en représentent 32 %, le diabète, pour 25 % d’entre elles, les cancers, pour 20 %, et les troubles psychiatriques chroniques, pour 14 %.

Pour toutes ces raisons, nous pensons que les maladies chroniques constituent le premier enjeu de santé publique.

Le coût associé à la prise en charge des maladies chroniques est vertigineux. Il compte déjà pour près de 60 % des dépenses annuelles de l’Assurance maladie (près de cent milliards d’euros).

Or, la moitié de nos 400 millions de consultations annuelles servent à gérer des symptômes de maladies chroniques, pour lesquels nous prescrivons des médicaments dans plus de 90 % des cas.

Ainsi, nous gaspillons beaucoup d’argent avec cette médecine dite « prescriptive », puisqu’une boîte de médicaments sur deux est jetée à la poubelle, ce qui représente environ une somme de 7 milliards d’euros par an.

Pourtant, selon le rapport McKinsey, 1 euro investi en santé générerait entre 2 et 4 euros à 10 ans.

Quelles mesures à prendre pour mieux prendre en charge les patients ?

Par conséquent, il faut mieux comprendre les effets de nos habitudes et de nos comportements, qui sont la cause de la plupart des maladies chroniques : 80 % des maladies cardio-vasculaires, ainsi que 40 % des cancers, sont évitables si l’on agit sur les cofacteurs de risque que sont le tabac, l’alcool, la sédentarité et le surpoids. 

En outre, une meilleure gestion des pathologies chroniques permettrait de réduire les inégalités sociales en matière de santé, de bien-être au travail et de qualité de vie, qui souvent se cumulent avec les autres. 

Les inégalités sociales en matière de santé continuent en effet de fournir des chiffres explicites. Citons notamment l’Île-de-France, où sept ans d’écart d’espérance de vie séparent les zones les plus riches des plus pauvres. Travaillons en amont des problèmes, prenons en considération toutes les dimensions de la personne humaine, pour ne plus ajouter le malheur à la maladie.

Par ailleurs, sur un plan strictement humain, et en tant que professionnels du soin, nous disposons d’un temps trop limité avec nos patients. Nous, médecins de toutes spécialités, souhaitons agir pour prévenir les méfaits de ces maladies chroniques et mieux accompagner les personnes.

Notre société a probablement confondu la médecine et le progrès technique. Elle a dû croire que notre mission, qui est de soigner les personnes, pouvait être soumise à une rationalisation abstraite des soins, comme s’il s’agissait de simples prestations. Or, il est indispensable que les soignants disposent du temps nécessaire humainement avec leurs patients. Nous pâtissons tous des dérives de la tarification à l’acte (T2A), propres à une pure logique de production.

Dès lors, il serait souhaitable d’organiser des « parcours santé » pour les patients atteints de maladies chroniques, au même titre que les programmes d’Éducation thérapeutique des patients (ETP), déjà déployés sur notre territoire national. Nous y considérerions la santé émotionnelle, la santé physique, la santé psychologique, la santé sociale, la santé environnementale, et la santé sexuelle de chaque patient, en organisant son parcours d’accompagnement.  

Or, le fonctionnement actuel de notre système d’Assurance maladie est révélateur de notre aptitude à ignorer la santé, qui ne consiste pas en une simple absence de maladie. Nous voulons la définir également par la vitalité et le bien-être global.

Afin de redonner sa juste place à la santé en dehors des périodes de crise, nous appelons enfin à une réforme institutionnelle profonde qui nous permette, collectivement, de sortir de la bureaucratisation budgétaire qui survalorise les enjeux de court terme. Nous ne voulons plus que l’ONDAM (objectif national des dépenses de l’assurance maladie) serve à ajuster le déficit public en fonction des soubresauts économiques ou financiers, comme cela a été trop souvent le cas.

Concevoir les patients de façon nouvelle porte loin : s’ils ne sont plus des malades, alors nous avons compris que notre système de santé ne saurait se réduire à la seule production d’actes médicaux nomenclaturés, décomptés, tarifés, mais qu’il doit au contraire s’ouvrir sur des pratiques complémentaires qui donnent la priorité à l’humain dans les dimensions multiples de sa vie.

Pour y parvenir, nous aurons besoin d’une Sécurité sociale qui se conçoit comme un système ouvert, non clos sur lui-même et sur l’administration, davantage coordinatrice que prescriptrice, qui concilie sans les opposer acteurs publics et acteurs privés, dans une même recherche de l’excellence, avec la volonté première, entre tous, de faire circuler l’intelligence.

Rédacteurs :

Dr Alain Toledano, Cancérologue, Président de l’Institut Rafael, Directeur de la chaire Santé Intégrative au Conservatoire Nationale des Arts et Métiers

Mr Hervé Naerhuysen, ancien conseiller pour les finances publiques à la présidence de la République

Signataires :

Dr Imad Abi-Nasr, Cardiologue; Dr Catherine Bremond Weil, Endocrinologue ;  Dr Frédéric Chiche, Gynécologue-Endométriose ; Pr Hassan Hosseini, Neurologue ; Pr Dominique Joly, Néphrologue ; Pr Francisca Joly, Gastro-entérologue-Nutrition ; Pr Laurent Karila, Psychiatre-Addictologue ; Dr Florence Levy-Weil, Rhumatologue ; Pr Capucine Morelot Panzini, Pneumologue, Dr Alain Toledano, Cancérologue.

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