Sucre et cancer mythe ou réalité ?

Docteur Delphine LICHTE-CHOUKROUN
cancer sucre alimentation

Écrit par

Clément Draghi – Data scientist, chercheur

Delphine Lichte-Choukroun – Responsable du Pôle Nutrition 

Lorsqu’on accompagne les patients touchés par le cancer, il ne se passe un jour, , sans que l’on soit confronté au mantra « le sucre nourrit le cancer » et toutes les déclinaisons en découlant. Ce discours est alimenté et entretenu par les réseaux, les gourous, les amis bienveillants qui veulent aider…

Alors « sucre & cancer », mythe ou réalité ?

Tout d’abord que met-on dans la case « sucre »

  • Les délices : gâteaux, miel, confiture, sucre, chocolat, crèmes dessert, yaourts aux fruits
  • Le pain, les pâtes, le riz, les céréales
  • La pomme de terre, la patate douce
  • Les légumineuses
  • Plats préparés
  • Boissons sucrées, même zéro mais au goût sucré
  • Les fruits

Ensuite on peut catégoriser les qualités de sucre et la distribution différente dans l’organisme.

Quoi qu’il en soit, ce qui les rassemble, c’est l’apport énergétique.

Le sucre a deux principales fonctions :

  • Apporter de l’énergie
  • Apporter du plaisir et bien plus. Ce plaisir est indispensable pour fabriquer le messager du bien-être, la Sérotonine.

Lorsqu’on se prive en excès de sucre ou si on le supprime totalement, les réactions ne se font pas attendre :

  • Baisse d’énergie
  • Perte de poids pouvant aller jusqu’à la dénutrition
  • Déprime

Origine du lien Sucre et Cancer

Lorsqu’on est en bonne santé, réduire sa consommation de sucre pour passer d’un excès à un apport raisonnable est évidemment une bonne idée.

A l’annonce du cancer, la personne se retrouve face à son corps qui a trahi et face à une avalanche d’émotions qui puisent dans notre stock de sérotonine (notre messager du bien-être).

Puis suit le temps des traitements dont le principal effet secondaire est la fatigue. Qui dit fatigue, dit besoin d’énergie. Les deux moyens prioritaires pour pallier à cette fatigue sont l’apport d’énergie via l’alimentation et aussi l’activité physique adaptée qui reste le meilleur remède contre cette fatigue inextinguible au repos.

Mais le sucre, « c’est mal ».

La majorité des patients rapportent ce postulat qui veut que le sucre nourrisse les cellules cancéreuses » et qu’il faut alors priver drastiquement de sucre les cellules pour éviter la progression du cancer ou l’apparition d’une récidive ».

 Le lien entre le sucre et le cancer trouve son origine par la grande consommation de sucre que font les cellules cancéreuses en raison d’un milieu pauvre en oxygène. Elles favorisent ainsi les voies métaboliques utilisant préférentiellement le glucose.

C’est d’ailleurs cette caractéristique qui est utilisée lors d’une tomographie à émission de positron (TEP scan) où l’on injecte du glucose radioactif pour visualiser la ou les tumeurs.

Les cellules cancéreuses à l’instar d’autres organes comme le cerveau qui en consomme 20% de ce que nous consommons chaque jour, vont capter préférentiellement ce glucose radioactif et ainsi être visible à l’imagerie.

Mais quand le sucre vient à manquer, les cellules cancéreuses sont capables de créer des dérivations et peuvent se servir d’autres voies métaboliques pour se nourrir en utilisant d’autres substrats et notamment des protéines. Lorsque les cellules cancéreuses utilisent les protéines à leur profit, le risque de dénutrition est aggravé et c’est alors une perte de chance.

A contrario, une masse et force musculaires maintenues voire augmentées permettent d’améliorer l’effet thérapeutique des traitements et d’en diminuer l’effet toxique.

En résumé, le sucre seul n’est pas responsable directement de la prolifération des cellules cancéreuses malgré que ce soit l’un des substrats préférentiels, les cellules cancéreuses peuvent se servir d’autres métabolites à l’instar des cellules saines en utilisant d’autres sources pour obtenir l’énergie nécessaire à leur prolifération.

Régime alimentaire et cancer

Toutes les sortes de régime avec ou sans, le jeûne, adoptés volontairement fragilisent l’organisme voire le déséquilibre. Il est préférable d’adopter le « on fait comme on peut » et d’être accompagné par son médecin ou un nutritionniste qui saura vous conseiller sur comment et quoi manger en s’adaptant à chaque jour de vos traitements et des effets secondaires ressentis.

Il faut distinguer le temps des traitements du temps du « tout va bien ».

Lorsque tout va bien et que l’on souhaite adopter une alimentation équilibrée, bonne et joyeuse, il est pertinent de gérer sa consommation de sucre et de trouver un équilibre entre le besoin d’énergie, la gourmandise et le plaisir. Et là encore, être accompagné par un professionnel pour comprendre et apprendre peut simplifier le quotidien et balayer les idées reçues et fausses croyances.

Pendant les traitements, on fait ce qu’on peut, on mange ce qui fait du bien, ce qui a du goût voire bon goût et dès que possible on mange « utile » comme des protéines. Lorsque se nourrir devient trop problématique, il appartient au patient de se faire plaisir et au nutritionniste d’organiser autour l’alimentation adéquate et complémentaire.

Lorsque le sucre est diminué à outrance voire supprimé, dans un premier temps, la personne ressent une sorte de victoire sur son corps et une manifestation glorifiante de sa volonté. Si la restriction stricte se prolonge au-delà de 3 semaines, survient une baisse d’énergie physiologique et pour tous d’une diminution de production de sérotonine (messager du bien-être).

Il est à noter que les recommandations mondiales préconisées par WCRF n’abordent pas le sucre, le seul focus est sur les boissons sucrées.

Source :  https://www6.inrae.fr/nacre/Actualites/WCR-AICR-Third-expert-report-2018

En conclusion, le sucre n’est pas à bannir, c’est l’excès de sucre qui est à cadrer et aussi la manière de le consommer en prenant en compte la qualité des sucres et les associations à créer pour rendre la consommation de sucre la moins néfaste possible pour l’organisme.

La consommation raisonnée et raisonnable du sucre a toute sa place dans l’alimentation équilibrée.

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