Liath Guetta, André Guetta, Ayala Elharar, Marie Alavoine, Elisabeth Fargeon, Delphine Lichte, Ghislaine Achalid, Lucienne Sultan, Sheherazade Boyer-Tami, Audrey Allain, Alain Toledano
Catégorie : Recherche
Objectifs : preuves d’efficacité
Article publié le 31 janvier 2022
Mots-Clés
facial coding,
human emotion,
facial movement
INTRODUCTION
Les troubles du sommeil (TS) dans la population générale ont une prévalence de 6 à 20 % (selon l’OMS). En oncologie, il est scientifiquement admis que les TS représentent un facteur de risque de cancer, ainsi qu’une conséquence biologique du cancer. Un centre du sommeil a été créé à l’Institut Rafael (IR) en mars 2020, pour étudier et prendre en charge les TS. Il intégrait des médecins spécialistes du sommeil, ainsi que des soignants paramédicaux s’y intéressant (sophrologues, naturopathes, acupuncteurs, thérapeutes psycho-corporels).
MATÉRIEL ET MÉTHODES
L’objectif était d’évaluer la prévalence des TS des patients atteints de cancer, mais aussi d’identifier le type de troubles du sommeil, afin de proposer une prise en charge adaptée et personnalisée. Un observatoire, réalisé pendant le confinement lié au COVID-19, a permis le recueil de 2000 heures d’entretiens par téléconsultation, par les soignants de l’IR. Un questionnaire standardisé sur le sommeil (inspiré du STOP BANG), comportant 6 items, a été utilisé. Quand le patient répondait par l’affirmative à au moins deux questions (60%), le patient était inclus. Les caractéristiques de chaque patient (Âge, sexe) la nature de sa pathologie, le traitement reçu, les traitements en cours anticancéreux, l’humeur, la présence ou pas d’anxiété ou de dépression et le recours à un traitement anti-insomniant étaient relevés. Une étude de sous-groupe de patients atteints de cancers du sein et de prostate (plus nombreux) a également été réalisée.
RÉSULTATS
L’âge moyen était de 66,7 ans (de 21 à 96 ans), avec 74 % de femmes incluses, et 26% d’hommes. Le cancer du sein était la localisation la plus représentée 66%. Pour le reste il s’agissait de cancers de prostate pour 13% d’entre eux, ORL 8%, poumon 5%, autres 8%. Les critères évalués influençant le sommeil étaient : le réveil nocturne rapporté par 70% des patients, la fatigue par 50%, la difficulté d’endormissement par 38%, les ronflements constatés par un tiers par 38%, et l’apnée constatée par un tiers par 9% des patients. La moitié (50%) des patients de l’observatoire déclaraient prendre des traitements anti-insomniants, n’impactant pas significativement la présence ou pas de TS. Les patientes traitées pour un cancer du sein et qui étaient sous hormonothérapie rapportaient plus de difficultés d’endormissement, et de douleurs (p=s). Chez les patients traités pour un cancer de la prostate, le surpoids était relié aux TS.
CONCLUSIONS
La prévalence de 70% de TS, chez 905 patients atteints de cancer, est supérieure à celle de la population générale. Les troubles du sommeil provoquent un sur-risque de cancer, et une source majeure de fatigue et de dépression. Cela incite à dépister les TS, pour mieux les traiter. Des formations spécifiques sur le sommeil sont nécessaires pour tous les soignants.