Nathaniel Scher, Delphine Lichte, Emma Guirchoum, Clément Draghi, Judith Partouche-Sebban, Hanah Lamallem, Alain Toledano
Catégorie : Recherche
Objectifs : preuves d’efficacité
Article publié le 31 janvier 2022
Mots-Clés
cancer, radiothérapie,
nutrition, cohorte, observationnel
INTRODUCTION
La radiothérapie entraine des perturbations sensorielles et métabolique qui sont déjà bien connues et documentées dans la littérature médicale et nutritionnelle. Toutefois au-delà des dimensions strictement biologiques et nutritionnelles, ce sont les expériences alimentaires des personnes atteintes de cancer qui méritent une attention particulière. En effet, une littérature scientifique et des recommandations de prises en charge nutritionnelle sont établies, mais elles ne sont pas suffisantes pour accompagner la personne atteinte de cancer. Une perte de poids de plus de 5 % augmente le risque de survenue de toxicités de la radiothérapie, diminue la survie et altère la qualité de vie du patient. L’objectif de cette étude a été d’évaluer l’expérience nutritionnel de patients de patients atteints d’un cancer en cours de radiothérapie (RT).
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Il s’agit d’une étude observationnelle prospective monocentrique, réalisée à l’institut de radiothérapie Hartmann en 2021, qui a consisté à interroger une cohorte de patients en cours de traitement par radiothérapie pour différents types de tumeurs (sein, pelvis, ORL, digestif). Une évaluation clinique et nutritionnelle étaient systématiquement réalisées avant le traitement, une fois par semaine pendant le traitement et après le traitement. Des questionnaires standardisés évaluaient qualitativement et quantitativement les critères de choix alimentaires et les préférences alimentaires. Une échelle en 7 points, de « beaucoup moins qu’avant » à « beaucoup plus qu’avant » permettait d’évaluer les différences de comportements entre avant et pendant le traitement.
RÉSULTATS
Au total, 116 patients ont été évalué (pelvis N=34, sein N=60, ORL N= 16 ORL et digestif N=6). Les comportements et préférences alimentaires sont clairement modifiés pendant les traitements de radiothérapie. Les patients irradiés pour une tumeur de la sphère ORL, pelvienne et digestive sont particulièrement sujets à la dénutrition respectivement 30%, 10 et 15% De nombreux mécanismes, imbriqués, en sont la cause : hyposialie (15%), mucite (10%) , nausées-vomissements (17%) , dysgueusie (6%) , dysphagie (9%) , odynophagie (5%) pour les patients irradiés au niveau ORL ; et diarrhée (25%) , nausées (9%) et anorexie (42%) pour les autres. Les patients en cours de radiothérapie accordent une importance moyenne à la nourriture (4.5/7). 15% des patients en cours de radiothérapie consomment régulièrement des compléments nutritionnels oraux. Les critères de choix alimentaires sont : la praticité des produit (facile et rapide à préparer) (4.3/7), le bio (4.7/7) et les aliments bénéfiques pour la peau (4.2/7). L’attrait sensoriel des aliments est plus important pendant le traitement de radiothérapie par rapport à avant le traitement avec une préférence pour les liquides frais (4.5/7), les fruits (4.9/7) et les légumes (4.9/7). L’alimentation sucrée (3.5/7) est réduite et le jeune semble plus important à adopter pour une moitié des patients (3.5/7).
CONCLUSIONS
La perte de poids des patients peut majorer les toxicités du traitement et altérer leur qualité de vie. Un changement clair des comportements alimentaires des patients pendant la radiothérapie ressort de cette étude. Il est donc capital d’analyser l’expérience nutritionnelle des patients en cours de traitement afin de personnaliser la prise en charge nutritionnel en pratique clinique.