Hanah Lamallem, Ilan Darmon, Pauline Castelnau-Marchand, Sheherazade Boyer Tami, Eric Sebban, Olivier Bauduceau, Emilie Butaye, Delphine Lichte, Clement Draghi, Alain Toledano
Catégorie : Recherche
Objectifs : preuves d’efficacité
Article publié le 31 janvier 2022
Mots-Clés
facial coding,
human emotion,
facial moveme
INTRODUCTION
La santé émotionnelle des soignants est soumise à rudes épreuves dans nos établissements de santé, manquant de ressources, et emprunts à des tensions croissantes. La prise en compte émotionnelle des soignants est rare culturellement dans nos organisations. Nous avons évalué les ressentis de soignants au sein d’une entreprise sociale et solidaire, l’Institut Rafael, maison de l’après-cancer (IR). L’IR a offert 40 000 soins à 2700 nouveaux patients, en 3 ans, en les évaluant. Chaque soignant est intégré dans un programme de soins-recherche-enseignement. Nous avons cherché à caractériser les déterminants des réactions de soignants traitant des maladies graves, au sein d’une organisation innovante pluri professionnelle transdisciplinaire.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Nous avons procédé à une étude qualitative, par des entretiens semi directifs de soignants de l’Institut Rafael. Les soignants étaient sélectionnés sur des caractéristiques d’âge, d’expérience, d’activité de soin pratiquée. Chaque entretien de soignant explorait quatre items : la découverte du soignant, la gestion des émotions du soignant, l’exploration de l’expérience du soignant, et l’accompagnement des soignants. Les analyses des entretiens ont été corrélées, dans un précédent travail, à celles d’un dispositif filmant et mesurant les émotions du visage (Datakalab). Nous nous sommes intéressés à la mesure des toutes les émotions et avons relevé les déterminants des émotions et ressentis positifs exprimés par les soignants.
RÉSULTATS
10 soignantes exerçant au sein de l’IR ont été interviewés. Les entretiens semi-directifs qualitatifs ont montré l’intérêt manifesté par les soignantes pour leur métier, fréquemment commencé suite à un évènement marquant leur vie, ou à une opportunité présentée grâce à un tiers impactant. L’émotion prédominante ressentie chez les soignants de l’IR était la joie, surtout lorsqu’on évoquait leur métier et la manière de l’exercer. La surprise transparaissait secondairement, mais nullement la colère ou la peur, malgré les situations cliniques de cancers prises en charge. L’analyse qualitative des verbatims des émotions des soignants, par des médecins et enseignants en gestion, a permis de relevé des déterminants positifs de l’organisation de l’IR pour les soignants interrogés : l’existence d’une supervision, l’intelligence collective déployée permettant d’engager chaque soignant, une structure non pyramidale et hiérarchique, l’incitation à un projet personnel pour chacun intégré à un projet collectif. Etaient aussi plébiscités l’interaction constante avec d’autres soignants de plusieurs disciplines, l’espoir de faire émerger un système de santé meilleur centrée sur les patients et pas sur leur maladie. Enfin, était valorisé une organisation de travail encourageant et structurant, des exutoires physiques et psychiques pour s’évader, et un cadre thérapeutique réfléchi de façon continue, à l’aide de réunions ciblés.
CONCLUSIONS
L’expérience soignant est fondatrice de la santé émotionnelle au travail, et impacte sur la qualité des soins aux patients. Les organisations utilisant l’intelligence collective, à fort leadership collaboratif, autoriseraient le dévouement et la joie du personnel soignant. Cela appelle un partenariat entre chaque partie prenante, des soins adaptés au patient à travers des parcours de soins, et la mise en place d’une organisation qui réunit l’aspect clinique, relationnel et environnemental.