Un sentiment, une sensation, une culture, un jeu, un tremplin, un passage obligatoire, une aubaine, une peur, un dénouement… L’échec est omniprésent dans nos vies, bruyant ou silencieux, il ne nous laisse pas indifférent.
Comment l’humain vit l’échec ?
Nous vivons souvent l’échec comme une sensation (manifestation physique) autant qu’une émotion (aigue), ou bien un sentiment plus ancré. Elle naîtrait lorsque nous n’atteignons pas les objectifs que nous nous sommes fixés. L’expérience de l’échec est amère et désagréable, souvent même culpabilisante, de part le fait que ce sont nos propres objectifs non atteints qui conduisent à l’échec.
Bien sûr, il convient de différencier la sensation d’échec face à une erreur ou un contretemps réel, de la sensation survenant sans raison. L’intensité de la sensation de l’échec, autant que la cohérence avec le fait qui l’engendre dépendent aussi de nos personnalités et des enjeux. Justifiée ou non, la sensation d’échec peut s’étaler dans le temps de façon pathologique, nous emplir d’un sentiment d’infériorité voire d’une vague dépressive.
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Signification de l’échec
L’échec peut autant signifier une situation du roi qui se trouve sur une case battue par une pièce de l’adversaire, que le fait de ne pas réussir ou de ne pas obtenir quelque chose.
Comme le suggérait Stefan Zweig « mais n’est-ce pas déjà l’insulter injurieusement que d’appeler les échecs un jeu ?» ; « vouloir jouer aux échecs contre soi-même est aussi paradoxal que vouloir marcher sur son ombre ». Jouer aux échecs en mobilisant des pièces n’est qu’un jeu visant à contrôler les sentiments des êtres humains. Les fous sont les plus proches des rois, quand on cherche à ne surtout pas perdre sa dame ou bien succomber à celle de l’adversaire.
Si l’échec de l’échec est le succès, la pire erreur ne serait pas dans l’échec mais dans l’incapacité à le dominer. L’échec est une opportunité, une leçon préparant au succès. Il libère de la contrainte du perfectionnisme, et permet de ne pas subir le présent et de se projeter dans l’avenir. Garder son enthousiasme en allant d’échec en échec, comme des répétitions jusqu’à la réussite, nous grandirait. Aussi drôle que cela puisse paraître, la réussite a de nombreux pères et l’échec est orphelin, bien qu’étant la mère de tous les succès. Une période d’échec est un moment rêvé pour semer les graines du succès. Mais la libération provoquée par un succès trop rapide est un leurre, parce qu’on recommence dès que l’échec est oublié.
L’échec comme le scandale fait nouvelle, contrairement au succès qui fait l’histoire. Si le succès n’a pas besoin d’explications, l’échec n’admet pas de justification. Le succès ne s’explique pas, alors que l’échec ne s’excuse pas.
Mais punir l’échec serait le meilleur moyen pour que personne n’ose. L’échec étant plus une interruption qu’une chute, ou bien le début de la réussite, à condition de plaider coupable et de le prendre à son compte. L’échec ne serait alors pas la chute, mais le fait de rester à terre.
Politiquement, Churchill disait que « le socialisme est une philosophie de l’échec, un principe de l’ignorance et l’évangile de la jalousie ». L’échec des autres réconforte toujours un peu ; dans le monde dans lequel on vit, il semble parfois plus important que notre propre réussite. Alors que la société se montre généralement sévère à l’égard de l’échec professionnel, elle continue de manifester un certain respect pour le malheur affectif.
L’échec n’entache tout de même pas la sincérité de la tentative.
D’ailleurs, le meilleur moyen de ne pas risquer l’échec est peut être de commencer des projets et de ne pas les finir.
C’est la peur de réussir, plus que la peur d’entreprendre, qui explique le plus l’échec.
Fondamentalement, l’échec provient plus souvent d’un manque d’énergie que d’un manque d’argent.
Qui ne connaît pas sa propre valeur est voué à l’échec. Son échec personnel se définirait alors par la différence entre ce qu’on est capable de devenir et ce qu’on est devenu.
Attribuer son échec à son incapacité ou à son manque de chance pourrait nous faire légitimement réagir avec optimisme. Et puis le mécontentement ne vient pas avec l’échec, qui incite à la patience, mais avec le succès qui rend exigeant.
Culturellement, l’échec n’est pas perçu de la même manière par tous. Pilier de la résilience pour certains, et honte pour d’autres. Nelson Mandela disait : « Je ne perds jamais, soit je gagne, sois j’apprends ».
Le succès n’est jamais définitif, l’échec parfois.
Finalement, si les chèques en blanc ne sont pas votre truc, et les chèques en bois non plus ; vous y préférerez plutôt les chèques cadeaux, ou l’échec… annonçant les prémisses de la réussite.
Dr Alain Toledano, Cancérologue
Président de l’Institut Rafael