Article rédigé par le Docteur Hanene Boudabous Cancerologue Oncologue
Le cancer de la prostate, et plus particulièrement les séquelles des différents traitements nécessaires pour l’éradiquer, peut lourdement impacter la vie sexuelle des patients.
Les conséquences des difficultés sexuelles rencontrées par le patient sur sa vie intime, sa vie de couple et son bien-être psychologique sont parfois très lourdes et peuvent être source d’une grande détresse.
Il est donc essentiel de ne pas les négliger, d’autant que la médecine moderne permet désormais de diagnostiquer le cancer de la prostate et de prendre en charge bon nombre des dysfonctionnements sexuels causés par les traitements du cancer de la prostate.
Le cancer de la prostate et ses traitements
Le cancer de la prostate est une tumeur qui se développe à partir des tissus de la prostate, organe interne de l’appareil sexuel masculin. Il existe différents types de tumeurs cancéreuses, mais la plus répandue est l’adénocarcinome.
En France, le cancer de la prostate est le plus fréquemment rencontré chez l’homme. Il n’est toutefois que le troisième plus létal, car les nouvelles campagnes de dépistage organisées permettent de plus en plus de le diagnostiquer à un stade précoce, lorsqu’il présente 90% de chances de survie à 5 ans.
Dès son diagnostic, les traitements mis en place sont habituellement agressifs. On retrouve typiquement des thérapies locales, à savoir la chirurgie et la radiothérapie.
Ces traitements impliquent généralement l’ablation de la prostate, ou son altération due aux irradiations, ce qui peut engendrer bon nombre de dysfonctionnements sexuels temporaires ou permanents, ainsi que des troubles digestifs et urinaires.
Effets du traitement contre le cancer de la prostate sur les organes sexuels
La chirurgie et la radiothérapie, traitements les plus souvent mis en œuvre dans le cadre de la prise en charge du cancer de la prostate, s’avèrent redoutablement efficaces contre la maladie.
Toutefois, elles engendrent des effets secondaires parfois lourds et durables. Parmi eux, les troubles sexuels sont particulièrement susceptibles de nuire à la qualité de vie du patient en altérant son estime de soi et en bouleversant sa vie de couple.
L’ablation ou la détérioration de la prostate engendre notamment des troubles de la libido consécutifs aux variations hormonales provoquées par les traitements.
Des désordres mécaniques peuvent également survenir, comme c’est le cas des troubles érectiles et des dysfonctionnements de l’éjaculation – généralement rendue impossible par l’intervention chirurgicale.
S’ensuit une détresse émotionnelle, parfois très prononcée, due à la peur et à la peine de perdre l’intimité de sa vie de couple.
Certains patients tendent, de fait, à fuir les moments d’intimité par crainte de l’échec, ce qui tend à transformer durablement leur quotidien et à compliquer le retour à une vie normale, qui demeure pourtant la finalité du traitement.
Retrouver sa sexualité après un cancer de la prostate
Il existe différents traitements pouvant permettre aux patients de retrouver une activité sexuelle satisfaisante après le traitement de leur cancer de la prostate.
Tous ces traitements ne sont pas destinés à restaurer la libido et la fonction érectile : un soutien psychologique et/ou une thérapie de couple visant à explorer de nouvelles alternatives sexuelles peuvent offrir des solutions autrement plus satisfaisantes qu’une intervention médicale.
Lorsque telle est la volonté du patient, des traitements médicaux peuvent être administrés pour améliorer les troubles érectiles en favorisant l’oxygénation des tissus et l’irrigation sanguine du pénis.
Ces traitements peuvent être administrés par voie orale ou par injections intracaverneuses. Les injections intracaverneuses offrent des résultats habituellement très satisfaisants qui permettent une relation sexuelle tout à fait « normale ».
Elles doivent toutefois être réalisées avant chaque rapport sexuel. Les injections sont bien tolérées par la majorité des patients, car peu douloureuses grâce aux aiguilles très fines et courtes utilisées.
Lorsque les médicaments sont insuffisants, ou lorsque le patient ne souhaite pas bénéficier de traitements médicamenteux, il peut utiliser une pompe à vide, aussi nommée vacuum.
Le vacuum est une pompe manuelle que le patient peut placer sur son pénis pour « aspirer » le sang dans la verge et provoquer une érection, maintenue le temps de la relation sexuelle à l’aide d’un anneau élastique placé à la base de la verge pour limiter le retour sanguin.
Le vacuum est parfois boudé pour le petit temps de préparation nécessaire à son utilisation, qui peut atténuer la spontanéité de certaines relations sexuelles. Pourtant, il est très efficace et permet, en outre, d’éviter les médicaments et tous les effets secondaires qu’ils peuvent entraîner.
Enfin, il est possible de procéder à l’implantation de dispositifs péniens qui viennent remplacer le corps caverneux du pénis.
Ces implants péniens consistent en des poches placées dans la verge et reliées à un système de réservoir et de pompe implantée près de la vessie et dans les bourses.
Le patient peut ainsi induire et stopper une érection en utilisant la pompe implantée dans ses bourses.
Puisque ce système vient prendre la place des tissus caverneux, il est complètement irréversible et n’est donc habituellement mis en œuvre qu’en cas d’échec des autres thérapies.
Pour cause, l’ablation ou la détérioration de la prostate n’entrave pas la survenue d’un orgasme, et cela même sans érection et sans éjaculation.
La prise en charge de problématiques d’ordre psychologique, comme la crainte de l’échec, la perte de confiance et d’estime de soi, à même de causer des angoisses à l’origine d’une perte de libido, est parfois suffisante pour permettre aux patients de retrouver une bonne qualité de vie.
Soins de support du cancer de la prostate à l’Institut Rafaël
En effet, il est parfois plus satisfaisant d’explorer de nouvelles alternatives sexuelles plutôt que de tenter de retrouver des fonctions altérées. Un constat qui a permis de placer aujourd’hui les thérapies de couple à l’institut Rafael de la prise en charge de « l’après » cancer de la prostate.
Il n’est pas question de faire des miracles mais d’écouter, d’accompagner et d’offrir des outils qui correspondent et s’adaptent à chaque situation. Ce n’est pas d’une maladie dont il s’agit mais bien d’un malade. Que le patient soit en couple ou célibataire, hétérosexuel ou homosexuel, il est essentiel d’aborder la sexualité sans tabou ni honte mais bien comme un soin intégral. Un soin qui permet la reprise de confiance en son corps et en soi. Un soin qui peut également sauver la vie d’un couple.
Concrètement, la psycho-onco-sexologie intervient à chaque étape du parcours de soin car à chaque étape, la sexualité est mise à mal ; depuis l’annonce jusqu’à l’après maladie. Les consultations sont individuelles ou en couple et durent environ 1 heure. Elles sont assez espacées dans le temps (une fois par mois, voire tous les 2 mois). Parfois, une seule consultation peut suffire à débloquer une situation.
Le suivi onco-sexologique va permettre à la personne malade d’exprimer ses frustrations, le conflit avec son image, les difficultés diverses sur le plan intime. Il l’aidera à trouver des adaptations pertinentes en fonction du contexte. Il permettra éventuellement de rétablir la communication dans le couple. « Mon compagnon a enfin accepté que je refuse de lui montrer mon sein. Il est devenu beaucoup plus doux et plus patient qu’avant ». Mme S. 59 ans. « Ma femme a compris que mon éloignement venait de mes difficultés érectiles et non pas d’elle. Nous avons réussi à en parler sérieusement et depuis les relations se sont sensiblement améliorées ». Mr K.65 ans.
En résumé, la sexologie va permettre de réaliser que le corps n’est pas juste source de douleurs mais aussi et surtout de plaisir.
(SOURCES : https://urologie-davody.fr/cancer-de-la-prostate/sexualite/ablation-de-la-prostate-et-problemes-d-erection/ )