L’intelligence artificielle peut renforcer le rôle du patient dans le traitement de maladies chroniques. C’est ce qu’a montré la conférence « Comment l’IA révolutionne le monde de la santé » qui s’est tenue le 19 avril à Paris. A la clé, l’amélioration des chances de survie dans le cas de cancers.
L’intelligence artificielle (IA) dans la santé ne se résume pas à l’analyse d’images médicales. L’amélioration et la personnalisation du suivi médical d’un patient constituent aussi un des ses points forts. C’est ce qu’a montré la conférence « Comment l’IA révolutionne le monde de la santé » organisée par l’Acsel, l’association de l’économie numérique, le 19 avril à Paris.
Le cas de Moovcare, première application utilisant l’IA pour intégrer les remontées des patients à être remboursée par la Sécurité sociale, est particulièrement éclairant. Chaque semaine, les patients évaluent une série de symptômes grâce à un barème de 0 à 5 qu’ils remplissent sur l’appli. A partir de ces données, les algorithmes sont capables d’évaluer les risques de dégradation de l’état de santé et d’alerter le praticien.
« Une solution aussi fiable qu’un scanner »
« L’appli d’un patient suivi pour un cancer du poumon nous a alerté car il y avait une dégradation alarmante au niveau de la douleur. Deux mois avant l’imagerie de routine prévue, on a pu reprendre un traitement. C’est pour cela que le taux de survie est amélioré », témoigne Clément Draghi, chercheur à l’Institut Rafael.Les performances sont au rendez-vous et le médecin peut réellement compter sur cet outil d’IA : « Cette solution est aussi fiable que la réalisation d’un scanner », poursuit le chercheur. Intégrer encore plus d’informations et optimiser les algorithmes devrait permettre d’améliorer la sensibilité de la solution et augmenter la précision des alertes.
Moovcare illustre l’apport d’une IA qui, loin d’établir à elle seul un diagnostic, vient renforcer le rôle du patient dans son parcours médical pour améliorer son suivi et fournir au médecin une précieuse aide à la prescription, notamment en lui permettant d’être plus réactif pour relancer un traitement. « C’est une approche à 360°, analyse David de Amorim, directeur innovation santé de Docaposte. L’IA ne se cantonne plus à l’analyse de la pathologie mais englobe tous les critères de la qualité de vie, notamment sociaux et psycho-sociaux. C’est une approche de médecine intégrative. »
Des phones bots pour remplacer les smartphones
Ces solutions passent pour l’instant par des applications sur smartphone. Pour les patients qui n’en utilisent pas, des alternatives sont en cours de développement, explique le docteur Francis Denis, interrogé par Industrie et Technologies. « À court terme, des robots téléphoniques, des phone bots verront très bientôt le jour pour appeler les patients, les interroger, intégrer leurs réponses dans des formulaires qui seront analysés avec des algorithmes pour transmettre des informations pertinentes à l’équipe soignante », détaille cet oncologue à l’Institut de cancérologie Jean Bernard, créateur de Moovcare mais aussi Smokecheck, une aide au dépistage du cancer chez les fumeurs.
Et d’ajouter : « L’enjeu est important car près de 40 % des plus de 70 ans n’ont pas accès à Internet alors que paradoxalement, ils ont le plus de maladies chroniques pour lesquelles un télésuivi serait utile. L’intelligence artificielle pourra ainsi réduire la fracture numérique en utilisant le bon vieux téléphone ! »